Compte rendu du voyage qui s'est déroulé du 28/12/03 au 9/02/04



Le 28 décembre, sous une pluie battante nous prenons le départ de Toulouse. Nous rencontrons la neige pour la traversée des Pyrénées. Depuis l’achat de la voiture je n’avais pas encore fait de grandes distances. Grâce aux autoroutes et les 4 voies espagnoles nous pouvons effectuer pratiquement 800 km la première journée.


De bon matin nous reprenons la route vers le sud. Tant que les cotes ne sont pas trop raides la vitesse reste correcte. Nous savons pouvoir arriver à Agéciras en milieu d’après midi. Nous avons même hésitez à prendre le bateau le soir même pour traverser le détroit. Le fait de rentrer au Maroc à une heure tardive ne m’emballait guère. Nous passerons donc une nuit à Algéciras


Après une courte traversée nous rentrons sur le continent africain par l’enclave espagnole de Ceuta. Nous en profitons comme tous bons touristes par faire le plein de carburant, ciel qu'il est bon marché, 27 cts le gasoil (à quand une quatrelle diesel) et 55 cts le super 95. Aller banco je teste mon réservoir additionnel, avec 110 litres de contenance totale nous avons une sacrée autonomie. La douane sera longue à passer mais j’étais prévenu. Nous voici au Maroc. Il faut être prudent et se familiariser au réseau routier ainsi qu’au mode de conduite des Marocains


Nous voulions arriver ce soir à Casablanca pour y prendre le lendemain notre visa pour la Mauritanie c'est à dire avant le 1er janvier. Pour être sur de notre coup nous empruntons l’autoroute entre Larrache et Casablanca. L’arrivée au camping se fait très facilement grâce aux coordonnées GPS que nous avions. Nous avons fait déjà 1 800 km en 3 jours


Le lendemain matin nous allons faire la demande notre visa, en fin d’après midi les formalités sont terminées nous pouvons sereinement plonger vers le sud. Les distances pour rejoindre Nouadhibou sont impressionnantes encore environ 2400 km.


Nous faisons donc une courte étape de 200 km pour nous rendre à Oulidia.


Nous avons décidé d’effectuer cette longue route avec des étapes de 300 à 650 km. Notre voiture s’accommode très bien des routes marocaines. Une vitesse de croisière de 80 à 100 km/h semble idéale. De nombreuses pauses ponctuent notre avancée. Nous en profitons donc pour visiter la ville d’Essaouira, l'ancienne Mogador du temps des comptoirs portugais.


Le soir nous arrivons au camping d’Agadir. Nous avons les faveurs du gardien pour camper sur le terre plein de l’entrée.


Nous décidons de partir de bonne heure le lendemain car il nous faudra faire 650 kilomètre pour arriver à Layoune terme souhaité de notre prochaine étape.


A la sortie d’Agadir nous tombons sur un panneau indicateur indiquant les distances des grandes villes alentour, Nouakchott est à 1962 kilomètres, impressionnant mais nous y arriverons.


Le terrain devient de plus en plus aride, Nous sommes bien dans une étape de transition entre 2 zones climatiques. Au nord le climat méditerranéen au sud le désert. Les distances entre les villages commencent à devenir de plus en plus grandes au fur et à mesure que nous avançons. La température du moteur a tendance à s'établir à des niveaux assez élevés. Il est vrai que le carénage du moteur s'il rempli bien son rôle en terme de protection contrarie la circulation d'air dans le compartiment moteur. Nous avons donc décidé de mettre une cale pour maintenir le capot entre ouvert. Le tout est maintenu par un tendeur élastique.


Après Layoune les choses sérieuses commencent. Les distances entre les villages, les pompes à essence, les points d’eau deviennent colossales, nous devons être prudents et faire nos réserves.


L’étape à Dakla sans être indispensable est recommandée car elle permet de rencontrer des personnes faisant le même parcours. Par chance nous rencontrons des anglais se rendant dans le sud de la Mauritanie avec des voitures de tourisme. Bref elles sont cousines de la quatrelle, au moins par l’esprit.


La fatigue se faisant sentir nous décidons de faire une journée de repos, ce sera aussi l’occasion de faire un peu de mécanique. C’est fou la somme des petits problèmes survenus en 1 semaine mais relativisons nous avons déjà fait 3 700 km. Nous sympathisons avec les Anglais (pas la peine de bien parler anglais) et nous décidons de partir ensemble le lendemain pour rejoindre la Nouadhibou.


A 7 heures du matin c’est un convoi de 26 voitures + 1 moto qui quitte le camping de Dakhla, Le parcours de la journée se décompose en 3 parties :


Ce qui est sur c’est que l’on va enfin tester les qualités tout terrain de la quatrelle.


A 100 kilomètres avant la frontière nous en profitons pour refaire un gros plein. L’essence Mauritanienne est de très mauvaise qualité nous préférons éviter de nous en servir.


Le poste frontière du Maroc est atteint vers midi, en 1 à 2 heures nous faisons nos formalités. Avec lui c’est aussi la fin du goudron. Nous quittons le poste entre 2 convois d’Anglais avec comme accord de s’attendre dés les premiers bacs à sable.


La barrière s’ouvre et maintenant et avec un petit pincement au cœur je quitte le goudron. Sur la route j’avais gonflé les pneus à 2,3 bars et j’ai omis de les dégonfler en quittant le goudron et patatras ! Je m’enlise à la première cuvette. Allez dégonflage à 1,2 bars + plaques + aide de quelques voyageurs et nous repartons et nous nous arrêtons un peu plus loin pour attendre les Anglais, j’en profite pour rentrer le point GPS du poste mauritanien. Il est distant de seulement 10 kilomètres mais la zone est très inhospitalière.


Les Anglais nous rejoignent et nous repartons au ralenti (20 à 30 km/h) en direction du poste frontière, la piste est une ancienne route qui n’a pas été restaurée depuis 1973 pour donner une idée c’est une succession de trous, de sable et de quelques morceaux de goudron, alors prudence sinon c’est la casse … Ca y est le poste frontière est en vue. J’ai beau être un habitué de la Mauritanie mais c’est quand même le choc. Le poste de douane n’est qu’une cabane avec 4 murs en ruine et une bâche pour le toit et même pas de drapeau…


Les formalités seront assez longues 3 heures environ. Il faut aussi être très vigilant pour ne pas se faire escroquer.


Nous reprenons la route avec un guide que l’on s‘est fait imposer en direction de Nouadhibou. Nous sommes donc assis à trois sur la banquette avant de la quatrelle. La quatrelle passe bien en tout terrain même si l'avant à tendance à toucher. La voiture n’a pas été relevée, la tôle de protection joue admirablement son rôle. Nous arrivons à la voie ferrée. Ne chercher pas le passage à niveau, il n'y en pas, le guide demande de la franchir de front, je suis perplexe, la fatigue aidant je lui fais confiance. Cela ne manque pas la voiture racle les rails, les fixations du tuyau d'échappement cèdent. La voiture va continuer sa route après une réparation africaine.


Nous arrivons à Nouadhibou vers 17 h 30 après une journée assez fatigante mais content d’être proche du but.


La soirée sera l’occasion de refaire un autre convoi pour la traversée du banc d’Arguin. Cette traversée longue de 525 kilomètres théorique se fait entièrement dans le sable, les 2 principales villes du pays ne sont pas encore reliées par une route goudronnée, les choses sérieuses vont commencer.

Nous voila parti pour cette longue traversée, dans le convoi, 4 voitures de tourisme, la quatrelle est de loin la voiture la moins puissante. Par prudence nous avons décidé de faire ce trajet avec un guide. Nous longeons la voie ferrée sur environ 50 kilomètres puis ensuite nous prenons la direction du sud. Le guide qui est monté dans la voiture la plus puissante nous montre le chemin pratiquement au mètre près.. Nous longeons le fond de la baie du Lévrier, qui est d'une grande traîtrise car elle se termine par des sables mouvants. La piste balisée passe donc très au large. Vient ensuite une succession de sable et de pierre, je n'aime pas trop ce genre de terrain car il faut rouler vite sur le sable pour ne pas s'ensabler et lentement sur les pierres pour ne pas abîmer les pneus.


Lors d'une succession de sable mou et de pierres une des voiture du convoi s'ensable. Nous connaissons la chanson, nous partons tous à son secours et après quelques poussettes la voiture redémarre. Au kilomètre 100 environ le paysage change, les grandes dunes se rapprochent. Nous avons environ 250 kilomètres à parcourir sur un sol sableux sans aucune pierre, c'est l'occasion de dégonfler les pneus (au alentour de 0,8 bars). Le résultat est impressionnant la voiture s'enfonce moins et demande beaucoup moins de puissance pour avancer. L'absence d'obstacles nous permet de rouler relativement vite, entre 40 à 50 km/h. Lors des passages de sable mou la voiture ralentit fortement et il faut rapidement rétrograder et accélérer à fond, pour l'instant pas de souci la voiture ne s'est pas encore ensablée. Le cordon dunaire d'une dizaine de kilomètre de large que nous longeons depuis environ 200 km commence à se rapprocher, pour avoir fait ce parcours en janvier 2002 je sais qu'il va falloir le traverser et que même certain 4 X 4 se plantent parfois. Il est vrai que j'appréhende un peu ce moment.

Cette fois on y est. Le guide nous donne ses conseils, nous dégonflons encore un peu les pneus, il ne faudra pas trop s'écarter de sa trajectoire, prendre de l'élan car le sable mou alterne avec le sable dur et comme ça monte au minimum à 20 % nous n'avons pas trop le choix. Malgré toutes ces difficultés apparentes, il y a un élément positif, la pluie s’est mise à tomber ce qui va durcir le sable.

Nous voilà partis, les 4 voitures s'élancent une à une, la quatrelle est en seconde position car le guide veut nous surveiller. Je roule sans trop me soucier de la mécanique, ce n'est pas trop mon style mais tant pis, la suspension est mise à mal et le pare-choc avant a parfois tendance à frotter sur les bosses. Je roule aussi plein régime pour ne pas me faire surprendre par du sable mou. Soudain la pente se raidit, je tente de rétrograder en première, quelques instants de tâtonnement et je perds sérieusement de la vitesse, le sable est de plus en plus mou et je me retrouve pratiquement arrêter par manque de puissance, accélérateur au plancher (je plains l'embrayage). Je tente un redémarrage mais rien n'y fait, comme dans ces cas là, il ne faut surtout pas insister sous peine de bousiller l'embrayage. Je sors de la voiture, le sable arrive au niveau du châssis. Tout le monde se précipite vers cette chère quatrelle et on creuse dessous et devant on met aussi les plaques on pousse la voiture je redémarre et je m'arrête en haut de la dune

Nous voici arrivés au point culminant du cordon de dune. Le guide est surpris du comportement de la quatrelle et me le fait savoir. Le reste du parcours devant s'effectuer en descente ne posera aucun problème. Une heure plus tard nous arrivons au lieu prévu pour le bivouac.

Le lendemain notre guide a prévu de nous faire passer sur la plage, cela ne m'enthousiasme guère. Il faut en effet rouler sur la plage à marée basse sur environ 160 kilomètres, faire cette distance en 3 heures. Le risque de prendre une vague qui fasse caler le moteur me fait peur. Dans le groupe beaucoup sont de mon avis, nous prenons donc une piste beaucoup plus à l'est. Soudain un grand bruit, de la fumée sort du capot, que ce passe s'il ? La plaque de protection du carter moteur vient de s'arracher, Ouf ! Le moteur n'a rien mais quelle peur néanmoins. Au bout de 6 heures nous arrivons à Nouakchott non sans après avoir essuyé une tempête de sable. Nous sommes épuisés mais heureux d'avoir accompli 700 km de tout terrain sans finalement trop de problèmes.


A Nouakchott le téléphone arabe fonctionne bien, beaucoup de monde est au courant qu'une 4L vient de traverser le banc d'Arguin. Certains Mauritaniens veulent me l’acheter ... Ils fixent quasiment tous la barre à 400 euros. Quand je leur dis qu'elle n'est pas à vendre et que je vais rentrer en France avec, alors la ils sont surpris et n'en croient pas leurs yeux. Pour eux un français cela a de l'argent donc il doit rouler en beau 4 x 4 ou alors il vend sa vielle voiture de tourisme ici ou au Sénégal.


Après une nuit de repos nous prenons la route d'Atar ou nous croisons la caravane du Paris Dakar. A Atar, nous prenons quatre jours de repos et faisons réparer la tôle de protection du moteur ainsi que la fixation du tuyau d'échappement.


Nous avons effectué la distance de 5500 km en 12 jours


Le 11 janvier en début de matinée j'essaye de faire démarrer la voiture, le moteur se met à tourner au bout de 5 bons coups de démarreur, bizarre cela, je me rends aussi compte qu'elle avance très mal, cale ... je m'arrête et démonte les bougies, ben alors elles sont vraiment noires et sales, je renonce à les nettoyer et j'en mets un jeu de rechange. La voiture repart au quart de tour. Un problème n'arrivant jamais seul, je rends compte que le compteur ne fonctionne plus. C'est relativement gênant car il était un moyen de contrôler les distances relevées sur la carte. Apres quelques minutes d'abattement je trouve la solution et je programme le GPS pour faire cette fonction. Allez encore une dernière, la jauge à essence est aussi HS ainsi que le la centrale clignotante


En fin d'après midi nous reprenons la piste vers l'est c'est à dire l'oasis d'El Beyed. Nous comptons faire la distance de 250 km en 2 jours et demi. Nous décidons de bivouaquer après avoir traversé un oued soit une trentaine de kilomètres d'Atar.


Le lendemain nous reprenons notre cheminement vers l'Est. Depuis notre arrivée en Mauritanie nous avons laissé branché en permanence notre GPS afin nous familiariser avec son fonctionnement. Cette fois il n'y a plus de guide pour nous montrer la route Nous sommes seuls et nous devons faire confiance à notre GPS et aussi nous aider des cartes au 1/100 000 de la région.


Le prochain point indiqué est à une vingtaine de kilomètres, le but est de suivre la piste et de s'assurer que le point en question s'approche. Que s'est-il passé en suivant la piste nous passons à 1 kilomètre de notre point GPS, entre lui et nous une dune, où avons nous fait l'erreur, mystère ? Apercevant une oasis nous décidons de nous y rendre et demander notre chemin. Nous retrouvons la piste 2 kilomètres et un ensablement plus loin. Nous continuons notre cheminement à une vitesse moyenne d'à peine 20 km/h.


Le point suivant est une butte de 2 mètres de hauteur qui marque la fin d'une sebkhra (ancienne mer intérieure), une fois devant, la butte est impressionnante, la première tentative au ralenti a été de tester l'angle d'attaque de la voiture pour voir si rien ne touchait. Une reconnaissance à pied a permis de repérer le terrain derrière la butte et voir ainsi si je pouvais la franchir en force. C'est bon en prenant de l'élan, la quatrelle est passée facilement.

La suite ne sera qu'une succession de terrain roulant et de zone cassante. Aujourd'hui nous avons effectué 145 kilomètres en environ 8 heures, vu de France cela paraît peu mais cette journée aura mis à rude épreuve la quatrelle mais elle s'en est sortie admirablement bien.


Nous avons rendez-vous, aujourd'hui le 13 janvier avec des Amis de Toulouse à El beyed. Il nous reste 30 kilomètres à parcourir. Au dire des Mauritaniens la quatrelle ne franchira pas les 5 à 10 derniers kilomètres à cause du sable mou.


Nous cheminons tranquillement vers notre point de rendez-vous quand j'aperçois une vaste zone de sable mou. Dans ces cas la c'est toujours le dilemme, s'arrêter avant ou foncer. Je choisis de foncer et passe rapidement en première mais la voiture peine de plus en plus pour garder une vitesse décente, je roule accélérateur au plancher en première à moins de 10 km/h. Je sais quelle sera la suite, la voiture va se poser sur le sable. Les plaques seront de sortie.


Après le boulot habituel, je repars et me dirige vers une zone de sable plus dur, 2 kilomètres plus loin nous décidons de garer la voiture et nous continuons notre chemin à pied. Ce n'est pas la peine d'insister la voiture n'aurai pas résisté, la piste est vraiment impraticable.


Le soir venu nous retrouvons la voiture. Nos amis et nos hôtes sont content que nous soyons arrivés si près du but. Au redémarrage un grand bruit de ferraille se fit entendre. J’arrête le moteur, ouvre le capot. Le galet tendeur de la courroie de la pompe à eau venait de se casser. Bein, là comme Saint Exupéry, on n'est pas dans la Mx x x e. Atar est à 250 km, il faut donc trouver une solution. J'en cherchais une, oui mais la quelle. Je commençais à fouiller dans mon stock de pièce de rechange, j'y sortis sans trop de conviction une courroie d'alternateur. «EtPitete» qu'elle va aller sans le tendeur me disais-je ? . J'essaye, j'ai du mal à la faire rentrer. Avec l'aide d'un Mauritanien elle finit par rentrer. Le comble c'est qu'elle laisse un jeu identique à celui préconisé par le constructeur. Pour information je roule encore avec cette courroie en France.


Je me renseigne le soir pour savoir s’il y a un moyen d'éviter la terrible cuvette de sable mou, au dire des Mauritaniens c'est oui, il suffit de prendre le plus à gauche possible et cela devrai passer. C'est en fait selon lui tout simple il n'y qu'à suivre les traces.


Au petit matin nous prenons donc la piste qui part à priori sur la gauche, pour l'instant elle est plus roulante. Soudain le sable se ramollit un peu, il est déjà impossible de s'arrêter mais la voiture roule encore à une allure correcte. Ce que je ne souhaitais pas arriva, je roulais déjà à fond en première quand j'aperçus une terrible cuvette entièrement labourée par les 4 x 4, bref le pire. Bref je vous fais grâce de tous les détails mais nous avons du mettre 1 heure pour faire 100 mètres. La voiture s'enlisait sitôt sortie des plaques.


Le reste du parcours se fera sans encombre jusqu'à la traversée de la sebkrha. Un orage violant fait rage, la pluie tombe intensément. Je roule à vive allure sur cette ancienne mer parfaitement lisse quand soudain la voiture commence à s'embourber au passage d'un petit oued, heureusement que j'avais de la vitesse. La suite ne sera qu'une succession de flaques ou la voiture s'enfonce dans la boue d'une dizaine de centimètres. Je roule à fond en seconde, je surveille mon GPS qui m'indique le point de sortie de la Sebkrha. La butte franchie nous voilà sortie d'affaire, un peu tremblant certes. J'apprendrai par la suite que le lendemain des 4 x 4 ont eus des difficultés pour la traverser à cause de la boue.


Nous arrivons le lendemain vers midi dans la ville d'Atar, entre temps nous avons encore cassé les fixations du pot d'échappement. Une réparation africaine avec un tendeur fera l'affaire.


A l'auberge le gérant me propose de me réparer la voiture, redresser la tôle de protection et refixer le tuyau d'échappement. Connaissant les mauritaniens, ce genre de proposition me laisse toujours dans l'embarras. On ne sait jamais si leur offre est désintéressée ou si c'est pour s'en mettre plein le poches avec un tarif exorbitant. Je lui demande donc son tarif :

- Oh! Pas cher, tu es mon ami.

- C'est à dire combien ?

- 50 Euros, tu vois ce n'est pas cher.

- Tu es vraiment cher, il y juste une heure de boulot. Je te propose 15 Euros.


Il me répond en faisant la grimace 5 000 ouguyas, l'exacte contre valeur. Il me fait ensuite un grand sourire et accepte. Je suis néanmoins conscient du prix élevé. En une heure de travail, il va gagner autant qu'un fonctionnaire mauritanien en une semaine. La réparation fut très bien faite.


Nous pensions y séjourner une semaine mais nous apprenons que nous devons nous rendre le lendemain dans la ville de Choum pour y prendre un train. Certains Mauritaniens m'alertent d'un franchissement d'oued qui risque de s'avérer impossible avec la quatrelle à cause des pluies d'octobre dernier.


Nous quittons donc Atar par une très belle route goudronnée. 20 kilomètres après elle se transforme en excellente piste. Un peu plu loin la piste a été emportée par un oued lors d'une précédente crue. Ah! Que faire le passage me semble impossible ? Nous allons le reconnaître nous balisons le meilleur tracé mais je suis quand même perplexe. A pied je m'enfonce déjà jusqu'aux chevilles dans une boue de sable. De toute façon il faut tenter, au pire nous resterons bloqués plusieurs heures en plein milieu et un camion viendra nous sortir de la, inchalha.


J'en viens à la conclusion que jusqu'à présent nous n'avions pas crevé que les pneus renforcés ont très bien supporté des pressions de 0,8 bars, que j'ai 4 roues de secours, alors banco, je dégonfle les pneus à 0,3 bars, je prends 200 mètres d'élan et je fonce en surveillant les points de repère marqués au sol. La voiture perd rapidement de la vitesse, s'enfonce un peu dans la boue. La première doit être passée pour terminer la traversée. Le moteur monte rapidement au environ du régime maximum mais la vitesse baisse encore puis oh soulagement le sol se durcit et la vitesse peut commencer à augmenter. Ouf la voiture est passée. Maintenant punition suprême, il faut regonfler les 4 pneus à 1 bar de pression.

La bonne piste continue jusqu'à la descente du plateau ou elle se dégrade franchement. Dans la plaine elle est franchement catastrophique, ce n'est qu'une succession de tôle ondulée et de bac à sable. Sur la tôle même à 20 km/ h je sens la voiture se tirailler dans tous les sens, je sens aussi mes muscles se tétaniser. Je sais, en théorie il faut rouler plus vite mais vues les grosses pierres qui sont au milieu je préfère être prudent et rouler au ralenti. Je m'efforce néanmoins à prendre beaucoup d'élan avant chaque bac à sable.


Soudain un choc violent se produit la roue avant droite tombe dans un trou, plus gros qu'un nid de poule, un nid d'autruche vraisemblablement, les amortisseurs avant s'écrasent violemment, le pare-choc avant butte contre le sol, le châssis tape au sol, à l'intérieur tout est bousculé, les enrouleurs des ceintures de sécurité se sont bloquées etc, la voiture continue malgré tout sa route. A cet instant je pense avoir cassé la voiture. Je m'arrête un peu plus loin, tout tremblant. Je reprends mes esprits et je fais une vérification technique. C'est bon la bête a encore ces 4 roues elles semblent bien accrochées, pas de jeu dans la direction le châssis ne semble pas plié. Nous repartons donc.


Ce trajet sur les 60 derniers kilomètres de la route nationale 2 de la république Islamique de Mauritanie sera quand même une sacrée aventure. Nous ne sommes néanmoins pas les seuls à galérer, tient par exemple ce cyclomotoriste sénégalais avec sa bonne vielle mobylette bleue qui se rend aussi à Choum, ce cyclotouriste qui vient de France avec son vélo chargé de 50 kg de bagage, ce couple de Normand qui en 504 pijot ont mis des cales en bois dans les ressorts avant pour gagner quelques centimètres de garde au sol et aussi du chiffon pour tenir leurs amortisseurs évitant ainsi qu'ils ne transpercent les ailes. Be ouhai la RN 2 c'est cela.


J'aperçois maintenant au loin les collines de la ville de Choum. Le GPS indique une dizaine de kilomètres, encore une heure de route et nous y serons... ouf !


Le soir lors de l'inspection quotidienne je m'aperçois que l'amortisseur droit fuit, allons bon il n'est pas très costaud, il a pourtant été neuf un jour... il sera changer au Maroc après 1000 km de route.


Choum peut être considéré comme la plus belle gare du monde. Allez je commence la description :


Je rigole dans cette gare il n'y a rien à faire, Seulement regarder passer les trains. Nous devons y rester 2 jours.


Dans notre attente nous y rencontrons un papy, ancien militaire de l'armée française ancien technicien de la société des mines de Mauritanie. Il est tout heureux de voir une quatrelle. Il nous raconte ses péripéties qu'il a faites dans les années 60, 70 avec sa 2 chevaux 2 moteurs. Il sera une précieuse aide à passer le temps.


48 heures après notre arrivée le train qui transporte notre voiture s'élance en direction de Nouadhibou. Le trajet doit théoriquement durer 12 heures. Attention dans la langue arabe "théorie" se dit inchalha il faut le savoir. Nous sommes donc assis dans la quatrelle, la quatrelle sur le wagon. Nous roulons en moyenne à 30 km/h, 18 heures après nous arrivons à Nouadhibou, 6 heures plus tard nous sommes débarqués. Ca va faites le compte 24 heures pour faire 360 km.


Nous arrivons exténué de fatigue vers 18 heures au camping de la baie du Lévrier. Nous y rencontrons un couple de Tarnais qui rentrent comme nous en France avec leur belle Lada. Leurs histoires et la notre étant proches nous leurs proposons de reprendre la route ensemble après 1 jour de repos.


Le 22 janvier nous le passons à nous reposer et à visiter la ville de Nouadhibou, nous apprenons qu'il y a une pénurie d'essence, ce n'est pas trop inquiétant pour nous car il nous reste environ 40 litres, bref il y a de quoi voir venir.


Vendredi nous décidons de partir, comme il me reste des Ouguiyas j'en profite pour faire quelques achats et pour prendre de l'essence. La pénurie avait disparue la Mauritanie est vraiment un pays miraculeux. Le carburant en Mauritanie coûte environ 30 cts pour le Gaz oil et 35 cts pour l'essence. La qualité certes laissez à désirer, la voiture fait de l'auto-allumage les bougies s'encrassent très vite.


Nous longeons la voie ferrée sur environ 50 kilomètres, la Lada nous ouvre la piste. Nous prenons le tracé de la future route. Les Mauritaniens y ont volontairement installés des buttes de grave pour empêcher toute circulation. En Quaterelle ou en Lada on peut tout se permettre. Ce que je n'aurais jamais osé faire avec une belle voiture je le fais avec la quatrelle. Je me régale en jouant aux montagnes russes. Au bout d'une 20 ene de kilomètre nous décidons de prendre une piste plus respectable.


Un miracle se produit nous trouvons en plein désert une route goudronnée nous la prenons. Nous arrivons à un gigantesque rond point, un panneau nous indique la direction du Maroc. Nous arrivons 20 km plus loin a la fin de cette route Sans trop le savoir nous avons quitté clandestinement la Mauritanie.


Nous sommes en fait dans le no man's land entre le Maroc et la Mauritanie. Nous avons 2 solutions rentrer au Maroc ou chercher le poste de frontière Mauritanien pour faire valider notre sortie. C'est ce nous font, le GPS nous l'indique à moins de 2 kilomètres. Nous suivons le semblant de piste, passons à coté de 2 véhicules qui ont sauté sur des mines quelques années auparavant.


Les formalités douanières seront bouclées en 1 heure, nous voilà sortie officiellement de Mauritanie. Nous reprenons la piste vers le Maroc, une piste que nous avons déjà faite à l'aller.


Ca y est le Maroc nous tend les bras. C'est la fin de notre périple en tout terrain.1 400 kilomètres en tout terrain c'est déjà pas mal. Je me mets à rêver du joli bitume des routes marocaines pour visiter ce pays.


Nous avons maintenant une punition, c'est celle de regonfler les 4 pneus aux environs de 2 bars

La police et la douane seront assez longue à passer, comme chaque fois il faut remplir plusieurs fiches. Je suis reconnu, une quatrelle qui fait l'aller retour vers l'Europe il n’y en a pas eu depuis très longtemps. Les douaniers ont plus souvent l'habitude de voir remonter des beaux 4 x 4 que des voitures de tourisme. Le douanier me montre son étonnement et me rend les documents avec un grand sourire.


Le bitume s'offre à nous et nous repartons avec la Lada en direction du Nord. Cinquante km Après la Lada tombe en panne d'essence, que ce passe t'il, aurait-elle consommé plus que prévu ? Après un plein nous repartons. Un peu plus loin de nouveau un arrêt, la Lada sent très fort l'essence; il y a une fuite. Jean Claude ne sait pas comment réparer, la durit d'essence qui se termine par un petit tuyau de cuivre ne tient plus dans le carburateur. Je lui propose de coller le tuyau de cuivre dans le carburateur avec du vulgaire mastic de salle de bain au silicone. Il me regarde perplexe, pensant que si les Français font aussi de la mécanique africaine, où va le monde ? Il accepte ma proposition et colle le tuyau de cuivre. Après un thé pour attendre le séchage le convoi repart.


A la station nous refaisons le plein car la prochaine station est à 400 km et nous voulons aussi mélanger l'essence marocaine à celle de Mauritanie. Les 2 voitures fument vraiment noires et nous ne sommes pas mécontents de rouler avec un carburant plus proche des normes européennes.


Nous décidons de nous arrêter pour passer la nuit dés qu'un endroit nous inspirera. Les environs sont parsemés de cabanes de chantier ayant servi pour la construction de la route il y a quelques années. Une d'entre elle nous servira d'abri.

Il nous reste 3 semaines avant de devoir rentrer en France, l'option est donc au tourisme et aux étapes courtes.

Bondjour est à proprement parlé la première grande ville sur la route du retour. Nous camperons devant les bureaux de la sûreté nationale. Bondjour est une ville où les gens sont gais, on y trouve tous les services, banque, réparation automobile... L'amortisseur que j'ai cassé peu avant d'arriver à Choum sera changé dans un des atelier de la ville pour la modique somme de 4,5 euros pour la main d'oeuvre.


Nous rejoignons Layoune dans l'après midi ou nous consommons un délicieux jus d'orange dans un bar de la ville. En partant nous traversons le pont de la marche verte. Comme l'avant veille nous décidons de camper à l'écart de la route, nous plantons donc la tente au bord d'un ancien lac salé.


Nous reprenons la route en direction de Tarfaya qui se situe à une 50 ene de kilomètres. Nous en profitons pour y prendre notre repas de midi. Avec nos 2 belles voiture nous faisons l'attraction des villageois. Ce n'est pas souvent que des européens rentre chez eux avec une Lada ou une quatrelle en général ils sont avec de beaux 4 x 4 ou en camping-car. Nous remontons ensuite vers le Nord, nous en profitons pour refaire le plein de carburant à la dernière station où il est détaxé. Nous camperons au bord d'un magnifique canyon qui se jette à la mer. La voiture commence à faire un bruit qui m'inquiète, cela semble venir de l'embrayage mais je ne sais pas trop quoi faire.


La soirée nous profitons pour faire un superbe tajine aux légumes.


Le lendemain c'est sous la bruine que nous partons, c'est dommage car j'aurai aimé faire des photos de cette magnifique baie. Tan Tan une grande ville du sud sera atteinte dans la matinée. Nous franchissons ensuite le fleuve Draa, je suis un peu déçu car il est à sec, c'est en fait un delta de sable mais sans eau. J'apprendrai plus tard que cela fait plusieurs années que ce fleuve n'arrive plus à la l'océan. Nous sentions depuis plusieurs jours que le désert s'éloignait. Il n'y a certes pas de limite franche mais nous sentons que nous rentrons dans une zone de type méditerranéenne. Nous passerons la nuit dans la station thermale de Guelmin ou nous rencontrons un couple qui se rendent au Mali en 4 x 4, nous en profitons pour échanger des informations. Je leur demande comment est la route qui longe l'Atlas par le sud et vers l'Est.


Nous faisons des étapes de 200 km pour rejoindre la ville de Sidi Ifini. Dans cette citée balnéaire nous en profitons pour faire une halte de 2 jours. La ville est agréable, je la sillonne de long et en large. La voiture fait aussi l'objet d'une révision, je desserre le câble d'embrayage et là, miracle le sifflement inquiétant disparaît.


Nous décidons, au lieu de remonter directement vers le Nord, de prendre le cap vers l'est. Pendant la première de la journée nous roulons sur une route qui ne figure pas sur la carte et où les panneaux indicateurs sont rares. Nous suivons la principale route en vérifiant que nous allons bien vers l'est. Nous traversons un des contrefort de l'atlas.


Le paysage qui était bien vert en début de journée redevient sec au fur et a mesure que nous filons vers l'est. Peu avant la nuit nous retrouvons la grande route qui relie Agadir à ouerzazate. Au premier camping nous décidons d'y passer la nuit.


Le paysage redevient désertique en avançant vers l'Est, après les gorges du Dades les distances entre les village recommencent à devenir assez importantes.


Il pourrait être tentant de prendre une piste et de la suivre sur quelques dizaine de kilomètres. Je n'ai pas trop envie, le tout terrain, j'en ai assez fait et j'estime que la voiture a assez souffert. Il nous reste encore 3 000 à 4 000 kilomètres pour rentrer à Toulouse alors soyons prudent. Depuis notre retour au Maroc notre voyage change d'aspect. Je suis conscient d'avoir effectué en Mauritanie une sacrée aventure. Cette aventure a néanmoins été très éprouvante, on ne dors pas toujours bien quand on est seul à 250 km du premier lieu habité. On se pose beaucoup de questions, avons-nous assez d'eau ? de carburant ? Allons-nous réellement dans la bonne direction ? etc ....


Le Maroc lui nous offre à ce niveau la une certaine sécurité, le réseau routier est très correct, les aventureux peuvent toujours partir faire du hors pistes. Dans tous les cas il y en a pour tout le monde.


Depuis plusieurs centaines de kilomètres nous longeons l'atlas par le sud. Il va bientôt falloir obliquer vers le nord et le traverser. Mon regret c'est d'être en hiver et de savoir que je ne m'y arrêterais pas pour y faire une randonnée, les nuits y sont glaciales. La route est très bonne bien que très sinueuse. Nous franchissons une série de col, chacun correspondant à une subdivision de la chaîne de l'Atlas. Des plaques de neige nous rappellent que nous sommes en altitude.


Nous cheminons toujours dans une zone aride, le dernier col est en vue. Impressionnant !! Qu'est ce qu'il se passe ? En 100 mètres à peine nous passons du désert à la foret de cèdres. Le contraste est fulgurant et me laisse pantois.


Nous cheminons maintenant dans des zones agricole et dans des forets, cela fait pratiquement un mois que nous avons quitté ce style de paysage. Ce retour à la végétation nous fait chaud au cœur.


Au fil des jours nous remontons vers le Nord non sans s'en s'arrêter dans les lieux touristiques, Fez, Volubilis ... L'extrême pointe du Maroc atteinte l'Espagne nous tend les bras, Nous devions sûrement être suspect car par 6 fois les douaniers espagnols nous arrêtent et font renifler la belle quatrelle à de magnifiques colosses. En avant pour les autoroutes espagnoles, la voiture beaucoup moins chargée qu'à l'aller, franchit les cotes sans soucis et nous poursuivons notre route vers les Pyrénées qui seront franchis plus facilement qu'à l'aller car les routes étaient dégagées.


Voilà ce magnifique périple d'une longueur avoisinant le quart de la circonférence terrestre touche à sa fin. Ma belle quatrelle a bien tenu le choc de cette double transsaharienne et après une bonne révision elle repartira en mai 2005 pour de nouvelles aventures marocaines


(c’est fini pour ce voyage)



Quelques Chiffres concernant ce voyage et la voiture

La plus longue étape : Toulouse Ocana soit environ 780 kilomètres

Vitesse de croisière sur bonne route 80 à 100 km/h

Vitesse la plus basse sur autoroute environ 50 km/h dans certaines cotes en Espagne ( voiture très chargée, rassurez-vous)

3 ensablements sur des pistes dites praticables, en hors piste je ne compte pas, Frontière marocaine + 2 fois dans la montée des dunes de l’Azefal…

L’espace le plus court entre 2 ensablements : la longueur des plaques

La plus faible moyenne environ 15 km/h sur 60 kilomètres entre Atar et Choum.

Oser franchir un oued avec 300 grammes de pression dans les pneus.

La consommation moyenne 7.5 l au 100.


Les principales pannes

le galet tendeur de la courroie de la pompe à eau cassée, cela a été l’occasion de rencontrer le petit prince et de dessiner un mouton.

1 amortisseur, le câble du compteur, la Jauge à essence, Une patte de support du filtre à air cassés

Les bougies encrassées en moins de 1 000 km à cause de la mauvaise qualité de l’essence Mauritanienne.



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